13/01/2020 13:54:43 – Sur l'utilitarisme
Jeremy Bentham - Immanuel Kant La mode de l'utilitarisme que certains semblent adopter, n'est en réalité qu'une nouvelle morale déguisée, qu'on cherche à nous imposer. Celle de la bien-pensance.
L'idée selon laquelle, tout être humain chercherait à maximiser le bonheur général. Ou bien, s'il ne le cherche pas, le devrait dans ce cas.
Elle ressemble beaucoup au fameux impératif catégorique de Kant:
Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.
–– Emmanuel Kant (1724-1804)

Il suffit pour cela, de la modifier légèrement:
Agis uniquement d’après la maxime qui prescrit d'agir (ou de ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être collectif.

Ce qui amène à la conclusion suivante:
Du point de vue d'un utilitariste, "la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle" = "agir (ou de ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être collectif". Maxime que l'on peut donc qualifier, selon Kant, de morale.
Ce qui suppose par défaut, qu'il serait dans notre désire de souhaiter maximiser le bien-être collectif.
Or, à part par impératif moral, pour quelle raison devrions-nous chercher une telle chose?
Si on souhaites agir par dogmatisme, en pensant, parce qu'on nous l'a appris, que le bonheur du groupe passe avant le sien. Chacun est libre de renoncer à sa liberté de penser et à son bonheur individuel.
On peut également se dire, qu'on ne désir que bonheur général qu'au profit de son propre bonheur individuel. Par égoïsme donc. Dans ce cas, on est utilitariste, que tant que cela nous arrange, et donc pas utilitaristes du tout.
On peut enfin se dire, que le bonheur des autres nous importe peu. Surtout si celui-ci provoque notre malheur. Quel serait l'intérêt de cette vie, si on devait la passer à souffrir, pour que d'autres en profitent plus que nous?
Ne serait-ce pas dans son propre intérêt de ne pas être utilitariste et au contraire, de privilégier son propre bonheur?
Attention toutefois. Privilégier son bonheur, ne pas non-plus de privilégier le malheur des autres. En effet, on peut trouver très agréable de faire plaisir à ses proches et à ceux qui nous sont chères. Et donc souhaiter leur bonheur, pour la richesse des émotions que nous apportent ces relations. Il s'agit bien d'égoïsme, mais d'un égoïsme gagnant-gagnant.
La question est de se demander, quel est son désir, et non pas de suivre aveuglément, une nouvelle doctrine, sous prétexte que celle-ci serait à la mode, sans se poser de questions sur sa nature. Même s'il est probable que la plupart des personnes s'affirmant utilitaristes, font en réalité une démonstration de leur vertu, servant uniquement à prouver leur supériorité morale sur ceux qui ne suivraient pas leur exemple. Accepter que de telles personnes nous dictent notre conduite et notre manière de penser, c'est accepter qu'ils deviennent maîtres de nos esprits, qu'on culpabilise de nos désirs et de notre égoïsme, qu'on devienne alors leur esclave...
Cependant, est-il légitime d'éprouver de la honte pour ce que nous sommes? Devrait-on culpabiliser de nos désirs, sous prétexte qu'un autre se prétende supérieur à nous, sous seul prétexte de bien-pensance?