Pie Iesu, Domine – Dona eis requiem
Ô douleur ! ô désespoir !
Que n'ai-je su voir l'ultime vérité? Que n'ai-je su reconnaître ta nimbe divine?
Je prononce ton nom, ô Soleil ! Que n'ai-je été capable de percevoir ton éclat adamantin? Astre de la vertu !
Quelle folie, quelle arrogance, m'a poussé, moi, à défier tes ardents rayons? Tel un Icare, bravant les dieux, depuis une Babylone condamnée.
Que la honte s'abatte sur ma tête, telle une chape de plomb.
Que je me perde dans un dédale de cercles, roulé sur moi-même.
Que je mange la poussière, moi animal sinistre à la langue fourchue.
Moi, qui ai commis le péché mortel de défier les cieux.
Que le Grand-Ennemi me foudroie, moi qui ai cherché à devenir l'égal du Très-Haut et à le dépasser !
Tandis que ma place est sur une montagne ardente, au cœur du jardin des délices, à discourir de la manière la plus douce, de vaine sagesse et de fausse philosophie !
Pourtant, chaque mot que je prononce, est une malédiction qui se propage.
À présent je connais le bien, mais la connaissance du mal en a été le prix. Ainsi, l'harmonie brisée par ma parole, que la terre que j'arpente soit maudite ! Que je sois dissimulé à ton regard fulminant ! Que je rampe dans les ténèbres, en pénitence de n'avoir su vivre dans ta lumière !
Ô Soleil ! Que ta gloire soit faite à présent et que je m'en retourne en de sombres lieux, dans le gouffre hideux de la perdition, là où les lacs flamboyants et des déluges de feu nourris de souffre, me rappelleront mon insolence et mon manque de discernement, de n'avoir su distinguer et obéir au premier, et dernier de tes commandements.
08/02/2020 08:49:04